Galerie Saphir

Galerie SAPHIR

Paris – Dinard

 

A Paris, la Galerie Saphir au Marais, partenaire de longue date de ces journées, a regroupé sur ses cimaises un ensemble d’œuvres témoignant, depuis le XIXème siècle, grande époque de voyages en quête de découvertes d’autres civilisations, de l’attrait des artistes pour ces « ailleurs ».
C’est ainsi que dès la première partie du 19ème siècle, l’Afrique du Nord et le Maroc ont exercé une véritable fascination sur des artistes comme Eugène Delacroix ou Alfred Dehodencq qui, avec beaucoup d’empathie, ont représenté la splendeur des noces juives ou la tragédie des persécutions antisémites. Aux mêmes moments, Auguste de Forbin effectue un long voyage en Orient comme l’atteste son arc de l’Ecce Homo à Jérusalem.Francois de Hérain dans les années 30 dresse le portrait de notables du mellah à côté de leur voisin musulman.
Parallèlement à ces artistes témoins de la vie juive, les artistes juifs, comme le nancéien Edouard Moyse ou l’alsacien Alphonse Levy partent en Afrique du Nord à la recherche de leurs racines et d’une certaine authenticité au moment où les juifs français, à Paris, en Alsace ou à Bordeaux cherchent à s’assimiler. Après une représentation presque caricaturale de ses coreligionnaires alsaciens dans la pratique de la vie juive telle qu’elle a pu être au siècle précédent, Alphonse Levy dresse un portrait plein de tendresse des juifs et musulmans d’Afrique du Nord. Il a d’ailleurs établi son atelier a Alger où il a fini ses jours.
Plus tard , les artistes juifs de l’École de Paris sillonnent la France et le Midi et partent, comme Feder ou Mané-Katz, découvrir le futur État d’Israël en Palestine à la recherche de leur histoire et d’autres lumières comme en témoignent des paysages colorés à la limite de l’abstraction ou des portraits très enlevés de jeunes femmes ou d’adolescents.
Voyages désirés, voyages rêvés mais aussi voyages forcés, obligeant les migrations.
C’est ainsi que le peuple juif, symbolisé par le personnage du Juif errant dans une gravure du XVIIIème siècle, est un perpétuel déraciné, condamné à errer de la destruction du Temple jusqu’à la naissance de l’État d’Israël. De nombreux artistes, juifs et non juifs, se sont émus, comme Jacques Camus dans les années 40, de ces longues processions d’exilés fuyant la haine aveugle.

Un double thème donc, plus que jamais d’actualité, goût du dépaysement, ouverture vers d’autres cultures, recherche de l’altérité mais aussi en même temps repli sur soi, refus de l’Autre, de l’étranger, refus de la différence, retranchement derrière des raisons faussement économiques ou simplement peur, obligeant des catégories de citoyens à fuir leur pays de naissance pour trouver refuge sous d’autres cieux.
Venez découvrir ces témoignages d’artistes coexistant avec des judaïca, des livres anciens, des œuvres d’ Agam ou de Sonia Delaunay à la Galerie Saphir au Marais, 69 rue du Temple 75003 à Paris ou à Dinard les fins de semaine pour un week end grâce au TGV reliant Paris à Saint Malo.

Le thème du voyage y est en permanence représenté par les livres, la peinture, la sculpture et la photographie avec l’extraordinaire exposition de Michel Kirch, intitulée « La vie est un film » qui rend compte de la richesse des voyages intérieurs de l’artiste et de ses interrogations permanentes sur la place de l’Homme dans l’univers depuis la création du monde.
Galerie Saphir, 38 rue du maréchal Leclerc 35800 Dinard : Exposition Michel Kirch jusqu’au 15 octobre.
Galerie Saphir, 69, rue du Temple 75003 Paris: Accrochage voyages et migrations dans le cadre des Journées européennes de la Culture et du patrimoine juifs.